Enric Molina : » Tourner une nouvelle page «

Après avoir passé 17 ans sur la chaise d’arbitre, Enric Molina a décidé de poser le pied à terre, et de se tourner vers d’autres projets …

TSN : Pourquoi avoir décidé d’arrêter?

EM : Je pense que le bon moment est venu pour moi de s’arrêter. Je voulais toujours finir au sommet de ma carrière. J’ai été au plus haut de ma profession en tant qu’arbitre de chaise depuis de nombreuses années tout en servant de tête d’officier à la Fédération Internationale de Tennis. C’est également une occasion pour moi de tourner une nouvelle page et de commencer un nouveau chapitre dans ma relation avec le sport et plus particulièrement le tennis.

TSN : Vous vous êtes tourné vers d’autres projets, pouvez-vous nous en dire plus?

EM: Mon nouveau projet sera « Big match player », la société que j’ai installée avec Alex Corretja  et son frère Ivan (directeur des joueurs comme footballer Xavi Hernandez du FC Barcelone). C’est une nouvelle gestion des athlètes et une agence de sponsoring avec un accent tennistique. Nous pensons que notre richesse d’expérience dans ce milieu peut aider des joueurs et des sponsors en atteignant leurs objectifs et en augmentant leur potentiel. Basée à Barcelone, notre portée sera mondiale comme l’exige notre sport.
Nous avons beaucoup d’idées et de plans qui seront dévoilés dans les mois à venir et qui incluent l’installation d’une Académie à Barcelone et à l’étranger pour de futurs champions.

TSN : Pourquoi choisir  Alex Corretja?

EM : J’ai connu Alex à l’âge de 10 ans lors d’une rencontre par équipes avec l’Espagne. Nous nous affrontions lorsque nous étions plus jeunes, c’était quelqu’un de respecter grâce à son attitude sur le court mais également dans la vie de tous les jours. Lorsque je suis devenu arbitre et lui joueur professionnel, nous avons gardé une relation professionnelle et un respect mutuel. Je me suis senti très honoré lorsqu’il m’a contacté pour débuter une collaboration professionnelle. Nous pensons vraiment qu’Alex, Ivan et moi allons former une grande équipe et mettre en évidence notre expérience, qui sera précieuse, sans aucun doute.

TSN : Revenons sur votre carrière, avez-vous un souvenir qui vous a le plus marqué en tant qu’arbitre?

EM : Il serait très dur de choisir un moment précis dans ma carrière. J’ai eu beaucoup de chance de vivre des moments incroyables durant les 20 dernières années. J’eus l’honneur d’arbitrer dans les meilleurs stades du monde, de grands matchs et des finales exceptionnelles durant les Grand Chelem et la Coupe Davis. Mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont les Jeux Olympiques. Lorsque vous y êtes, vous vous rendez compte que le sport est quelque chose de magique ! Je me rappellerai toujours d’assister aux cérémonies d’ouverture et d’arbitrer à Sydney en 2000, Athènes en 2004, Pékin en 2008 et Londres en 2012.

TSN : Quels ont été les matchs les plus difficiles à arbitrer?

EM : J’ai eu beaucoup de matchs difficiles pour différentes raisons (joueurs, foule, pression) mais peut-être que j’en sélectionnerais deux :
1. Demi-finale de Hewitt-Henman à Wimbledon en 2002. C’était ma première demi-finale à Wimbledon et être  jeune et arbitrer un joueur britannique pour une possibilité d’atteindre la finale pour la première fois depuis Fred Perry (1936), j’ai vraiment senti la pression qui régnait dans le stade. Mais dix ans après j’ai eu l’honneur d’arbitrer la première finale  avec un joueur britannique impliqué, Murray. Un pays entier était derrière lui.                                                                                                                                2- C’était lors de la rencontre de Coupe Davis Serbie-France.  C’était un lieu très bruyant en raison de la foule. Je me rappelle que le match de double avait été assez mouvementé car la pression était si forte que les supporters avaient parfois du mal à se calmer lorsque qu’un joueur s’apprêtait à servir. Lorsque la Serbie a gagné, l’ambiance était fantastique, cela m’a beaucoup marqué !

TSN : Avez-vous un dernier mot pour les lecteurs de Tennis Shot News?

EM : Tout d’abord, je voudrais remercier pour cette interview et souhaiter aux lecteurs le meilleur en matière de tennis. Le tennis est un grand sport et les fans ont de nos jours une occasion fantastique de l’apprécier sur la télévision, les magazines, les réseaux sociaux ainsi que sur le net. Sans les passionnés de la petite balle jaune, ce sport n’aurait pas cette ferveur qu’il a de nos jours. Continuez à apprécier le tennis !

Propos recueillis par Noé LE GUIL